Arrivée à Bethléem ou Refus de l’aubergiste (1664) par Simon de Vos, au Musée National Soares dos Reis (photo : Domaine public)

La liturgie est la source fondamentale de la pratique chrétienne qui nous donne l’opportunité de montrer notre révérence envers Dieu et le désir d’aimer et d’adorer Dieu pour son sacrifice. Le résultat de l’action liturgique, qui ne peut être remplacée par la piété populaire, est l’œuvre et l’effort de la personne qui ressent la nécessité d’agir justement pour honorer le sacrifice de Dieu. Pour cette raison, pendant l’Avent, l’Église propose des dévotions populaires et des formes extra-liturgiques d’exercices spirituels tels que le Rosaire, la crèche, la couronne de l’Avent, les dévotions mariales, la neuvaine de Noël et les processions de l’Avent. Ces pratiques symbolisent le voyage de Marie et Joseph vers Bethléem à la recherche d’un lieu où le Sauveur pourrait naître.

Durant ces traditions pieuses et enrichissantes, depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours, la musique, en particulier le chant grégorien, a joué un rôle significatif dans ces pratiques.

Le Père Joseph Gelineau écrit dans son livre Voix et instruments dans le culte chrétien : « La piété populaire n’est pas éloignée de la liturgie. L’usage du chant dans la diffusion de l’Évangile est une tradition ininterrompue de l’apostolat missionnaire et catéchétique de l’Église. » Il explique également, en accord avec les Pères de l’Église, comment les chants sont utiles dans la vie de la communauté chrétienne, et qu’ils constituent une source d’évangélisation pour faire connaître le Christ et sa « Bonne Nouvelle » aux autres. Selon le Père Gelineau, c’est pour cette raison qu’il existe des chants pratiques et adaptés qui nous permettent de prier collectivement dans des chants de supplication et de procession lors des moments de pénitence et de préparation. Le prêtre et musicien donne l’exemple des Litanies des Saints : le Kyrie Eleison, avec une série d’invocations aux Saints suivies de la réponse Ora pro nobis, les supplications pénitentielles Libera nos, Domine, les intercessions pour l’Église Te rogamus, audi nos, l’Agnus Dei, et les Psaumes.

Dans cette période de préparation, le célébrant, les musiciens et l’assemblée doivent prendre en compte le chemin de conversion, de pénitence et d’espérance, le message des Prophètes sur le salut, ainsi que les luttes et difficultés rencontrées par Joseph et Marie pour introduire le Seigneur dans notre monde. La musique, même si elle n’est pas exécutée dans la liturgie, doit exprimer la modération. Cela est bien exprimé dans le document Chantez au Seigneur, numéro 114, de la Conférence des Évêques des États-Unis : « Il doit y avoir une modération musicale durant le temps liturgique de l’Avent […] en évitant toute anticipation de la pleine joie de la naissance du Seigneur. »

Le chant grégorien exprime ce sentiment et l’idée du plan de Dieu le Père, car il est imprégné de paroles pénétrantes et de mélodies modestes et belles, qui adoucissent nos cœurs. C’est pourquoi nous connaissons et chérissons ces chants latins pendant l’Avent : le Pater Noster, l’Alma Redemptoris Mater, et l’Ave Maria, souvent chantés lors des neuvaines de l’Immaculée Conception et de Noël. En outre, les antiennes telles que les grandes antiennes « Ô » (ou antiennes majeures) sont chantées aux Vêpres du 17 au 23 décembre, et dans certains pays ou occasions, durant la neuvaine de Noël.

À toutes fins utiles, la piété populaire et le chant grégorien sont étroitement liés à la liturgie pendant l’Avent, tout comme pendant les autres temps liturgiques, et ils touchent profondément nos âmes. Le Directoire sur la piété populaire et la liturgie du Vatican explique ce lien au chapitre 4, numéro 97 : « La piété populaire est particulièrement sensible à l’Avent, notamment lorsqu’il est perçu comme la mémoire de la préparation à la venue du Messie […] Diverses expressions de la piété populaire liées à l’Avent ont émergé au fil des siècles. Elles ont soutenu la foi du peuple, et de génération en génération, elles ont conservé de nombreux aspects précieux du temps liturgique de l’Avent. »

Heureusement, le chant grégorien est l’une des plus grandes expressions transmises de génération en génération ! Chantons donc l’Alma Redemptoris et méditons sur le fiat de Marie alors que nous attendons et désirons avec espoir, joie, paix et amour la naissance du Christ notre Sauveur.